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Qui est Barbara Butch, icône des nuits LGBT et victime de cyber-harcèlement

Elle a été l’une des sensations de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet. Au cours de l’événement orchestré par le metteur en scène Thomas Jolly, la DJ Barbara Butch trônait au-dessus de la Seine, sur la passerelle piétonne Debilly. Drag-queens et danseurs paradaient pendant qu’elle mixait, coiffée d’une couronne argentée. Le tableau, sorte de bacchanale antique, a ulcéré de nombreux observateurs, qui y ont vu une parodie de la Cène. La Conférence des évêques de France s’est insurgée, de même qu’une série de personnalités, dont le candidat américain Donald Trump et le président turc, Recep Tayyip Erdoğan. Un cyber-harcèlement violent s’est ensuivi à l’encontre de ceux qui ont participé à ce tableau. Barbara Butch, visée par des insultes sexistes, grossophobes, lesbophobes et antisémites, ainsi que par des appels au meurtre, a porté plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête, le 30 juillet. Thomas Jolly et Nicky Doll, célèbre drag-queen française, ont à leur tour porté plainte.
Née à Paris en 1981 dans une famille juive traditionaliste, elle fait ses débuts de musicienne dans le monde de la nuit LGBT. Elle choisit l’amusant pseudonyme de Barbara Butch, en référence à Barbara Bush, ancienne First Lady américaine, et au terme « butch », qui, dans le monde lesbien, définit une femme adoptant des codes considérés comme masculins. Après avoir vécu à Montpellier, où elle a tenu un restaurant, elle revient dans la capitale à la fin des années 2000, fréquente le Pulp, emblématique boîte de nuit lesbienne, et mixe dans les établissements queers : Les Souffleurs, un bar du Marais très underground, le Rosa Bonheur, dans le parc des Buttes-Chaumont, qui attire un large public, et aujourd’hui La Mutinerie, un bar féministe et autogéré proche du Centre Pompidou.
Barbara Butch est devenue l’une des figures de la lutte contre la grossophobie. En février 2020, elle pose pour la couverture de Télérama. On l’y voit torse nu, couvrant ses seins de son bras droit. L’hebdomadaire titre : « Pourquoi on rejette les gros ? Le fléau de la grossophobie. » L’image devient virale, est postée par la romancière Virginie Despentes sur son compte Facebook et est applaudie par de nombreux militants. Mais elle ne plaît pas à tout le monde. L’algorithme d’Instagram la censure, alors même qu’elle ne contrevient pas aux règles du réseau social qui interdisent la présence d’organes sexuels, ainsi que de tétons (uniquement féminins). Trop de chair, sans doute… Après avoir publié l’image sur son propre compte Instagram, Barbara Butch voit celui-ci fermé pendant vingt-quatre heures.
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